dimanche 29 mars 2015

La quête


Autour de "Stalker" de Andreï TARKOVSKI


Résumé du film
Dans une zone interdite, un guide dénommé Stalker conduit ses deux clients, un physicien et un écrivain vers une chambre supposée exaucer les désirs.

"je crois qu’elle (la zone) laisse entrer ceux qui n’ont plus aucun espoir… Non pas les mauvais ou les bons, mais les malheureux… seulement, le plus malheureux d’entre les malheureux périra ici en deux temps trois mouvements, s’il ne sait pas se conduire…" affirme le Stalker à ses clients.

D’une durée de 161 mn, composé de seulement 141 plans, Tarkovski invite le spectateur à participer activement à ce voyage intérieur. Œuvre incontournable, ce film fleuve a ouvert une brèche dans l’art cinématographique.
Paradoxe: hymne à la croyance, à la fragilité de l’être et à la naïveté don-quichottesque, c’est au pays des soviets qu’il a été tourné.

Andreï Tarkovski
Surnommé le "moine réalisateur", Tarkovski a imprimé son cinéma de la tradition de l’icône. Pillé, rarement égalé, c’est dans le cinéma de Terrence Malick, entre autres, que l’on peut retrouver des emprunts en formes d’hommages à distance et respectueux de l’éthique et de l’esthétique singulière de Tarkovski.

Cette conférence porte sur :
  • Analyse d’extraits de "Stalker". 
  • Composition, structure du film 
  • Découverte de l’œuvre de ce maître du cinéma soviétique qui dans son journal, notait pourtant avec humilité: (…) "Bresson est un génie, on peut le dire sans ambages, c’est un génie. S’il occupe la première place, le suivant occupe la dixième, l’écart est énorme. Il n’y a pas trace chez lui de vaine agitation (...)".
  • Prolongements philosophiques de l’œuvre.


Conférence de Jean-Paul Thaens.
Durée de l’intervention: 3 heures

dimanche 15 février 2015

"Un CONDAMNÉ à MORT S’EST ÉCHAPPÉ ou Le vent souffle où il veut"


Conférence "Un CONDAMNÉ à MORT S’EST ÉCHAPPÉ ou Le vent souffle où il veut"

Analyse du film "Un condamné à mort s'est échappé ou Le vent souffle où il veut" de Robert BRESSON


Résumé du film
1943, prison Saint Paul de Lyon : Fontaine, un jeune résistant condamné à mort entreprend de s’évader.

Deux titres, deux films en un seul
Avec ce film et son autre film « au hasard Balthazar », nous avons l’alpha et l’omega d’une oeuvre indémodable, conduite par Robert BRESSON, artiste inflexible.

Adapté du récit autobiographique d’André Devigny, ce film raconte la tentative d’évasion de Fontaine, jeune résistant condamné à mort.
Va-t-il y parvenir? Tout l’enjeu dramatique du film est fondé sur cette interrogation.
Bien que le premier titre nous en dévoile l’issue, nous reste la curiosité de savoir le côté pratique, le comment de son évasion.

Mais plus subtil, il y a un autre récit dans le récit, porté par le second titre « le vent souffle où il veut » citation de l’évangile de Jean.
Cet autre récit est celui d’un conflit entre deux langages, deux façons de dire « le monde ».
D’un côté, celui de l’occupant nazi et de ses collaborateurs : une langue mortifère pour une culture de la mort.
De l’autre, celui de la vie: dans la cellule du condamné à mort, où posséder un crayon est passible de mort, les silences, les mots griffonnés ou chuchotés et échangés clandestinement, des coups pour communiquer contre les murs participent à la résistance par le « Verbe ».

A partir d’extraits du film, seront abordées les questions formelles et stylistiques très spécifique du cinéma de R.Bresson : traitement sonore, le rapport du son à l’image, l’utilisation de l’ellipse, les procédés narratifs innovants… autant de leçons de cinéma contenues dans ce film, à étudier et à retenir.

Conférence de Jean-Paul Thaens.
Durée de l’intervention: 3 heures

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samedi 14 février 2015

De l’âne Balthazar à l’Idiot de Dostoïevski


Conférence de l’âne Balthazar à l’Idiot de Dostoïevski

Analyse du film "au hasard Balthazar" de Robert BRESSON


Résumé du film
Né au milieu d’un troupeau de moutons dans les alpages, le jeune ânon est baptisé du nom de "Balthazar" par la jeune fille qui a convaincu son père de l’adopter.
L’âne va grandir, souffrir au milieu des hommes, et va pour finir, retourner et mourir au milieu du troupeau de moutons qui l’a vu naître.

De "l’Hume-ânité"
Quoi de mieux que ce film de Robert BRESSON tourné pour partie dans les Hautes Alpes,pour faire connaissance avec une oeuvre indémodable, conduite par un artiste inflexible ?

a/
Aujourd’hui comme hier, cette fable de R.Bresson mérite d’être revisitée à plus d’un titre :elle continue de nous interroger, sur ce que nous sommes, sur ce que nous, humain, faisons du langage, de notre conscience.
Elle démontre à quel point l’Homme avec ses passions et l’aveuglement de ses actions est l’artisan de sa propre chute.
En contre-point de notre médiocrité, et bien que privé de langage hormis ses braiements intempestifs et d’une conscience réflexive, l’âne Balthazar émerge tel l’Idiot de Dostoïevski, ou figure Christique ou encore Job sur son tas de fumier.
Malgré les coups et les souffrances, son silence nous interroge à l’infini: pourquoi le mal?

b/
A partir d’extraits du film, seront abordées les questions formelles et stylistiques très spécifique du cinéma de R.Bresson.

c/
Œuvre française par excellence, le cinéma de Robert BRESSON n’en demeure pas moins une référence pour de grands maîtres du 7ème art . notamment d’Europe de l’Est, et dont les films ont subi l’influence.
Des extraits de films d’A.Tarkovski, A.Sokourov, E.Zviaguintsev ou K.Kieslowski viendront en témoigner

Conférence de Jean-Paul Thaens.
Durée de l’intervention: 3 heures

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De Chinatown à Thèbes

Conférence "de Chinatown à Thèbes"

Analyse du film "Chinatown" de Roman POLANSKI


Résumé du film
Le personnage principal (Jack G.Gittes) interprété ici par Jack Nicholson, est un ancien membre de la police qui a travaillé par le passé dans le quartier chinois de Los Angeles, d’où le titre du film.
Décidé à effacer un passé douloureux, il repart à zéro, et passe de « flic » à détective privé spécialisé dans les affaires de mœurs, à Los Angeles. Mais condamné à revivre son passé, l’ancien flic retournera dans Chinatown…

La « ville-piège »
Considéré à tort comme un simple exercice de style jouant avec les codes et les conventions du film noir, Chinatown est une oeuvre beaucoup plus dense et complexe qu’il n’y paraît. Si Roman POLANSKI semble s’amuser à y revisiter le genre « polar », sa dramaturgie décline adroitement et en substrat, la tragédie d’OEdipe Roi.
Fatalité, boucle compulsive, mais aussi et surtout, on retrouve dans ce film un thème récurrent cher à Roman POLANSKI, celui de la « ville-piège ».
Ainsi dans plusieurs de ses films, la ville devient en effet une sorte de personnage qui « phagocyte » le personnage principal.

La « matrice » de ce thème de la ville piège se trouve dans OEdipe Roi, où la cité de THÈBES se retourne contre son propre roi, OEdipe.

La dramaturgie de plusieurs des films de R.POLANSKI se fonde sur thème.
Ainsi à « CHINATOWN », il convient d’ajouter :
- le « LOCATAIRE », où Paris devient la ville-piège pour le personnage principal (magistralement interprété par R. POLANSKI lui-même)
- dans FRANTIC, encore Paris, pour le personnage principal interprété par Harrisson FORD,
- dans LE PIANISTE, Varsovie et son ghetto, pour Adrien BRODY, interprète de W.SPILMAN

A partir d’extraits du film Chinatown et de supports visuels, cette conférence se propose d’analyser :
a/
d’une part, le film « CHINATOWN » ainsi que les différents niveaux de lecture qu’il contient.
b/
d’autre part, ce thème de la ville piège qui permet d’interroger chacun de nous, dans son propre rapport à la ville, (sujet-ville, citoyen-cité), angle de réflexion sur la relation « individu-collectif ».

Conférence de Jean-Paul Thaens.
Durée de l’intervention: 3 heures

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mardi 12 novembre 2013

Alexandre Medvedkine

Alexandre Medvedkine est l'inventeur du ciné-train, un véritable train aménagé pour la réalisation et la production de court-métrage. Ce train traverse toute l'Union soviétique en 1932 pendant 294 jours, allant de grands chantiers en grands chantiers. Medvedkine tourne et monte immédiatement les films dans son train pour les projeter à la population dès le lendemain, montrant les réalisations des bâtisseurs, des ouvriers, des cheminots, aussi bien que les méfaits de la gabegie et de l’incompétence. Ces brefs documentaires et semi-documentaires étaient explosifs. L’actualité des problèmes s’y combinait à un style percutant dans le traitement du sujet, la vision de l’opérateur, les effets de montage. Le travail du train ne fut pas inutile. Pas seulement parce que les films tournés eurent une influence de propagande sur les travaux de construction. Les principes du "Train cinématographique" laissèrent une trace ineffaçable dans le cinéma. Ils ont ressurgi dans les films tournés par des ouvriers français de Besançon "d’après la méthode du train cinématographique de Medvedkine", ce que Chris Marker écrivit à Medvedkine lui-même. Dans ces films, les principes de Medvedkine se traduisent par des effets de montage saisissants, à partir des épisodes les plus ordinaires de la vie des ouvriers et des patrons. Le montage révèle avec une puissance particulière l’essence des constructions sociales.

Deux ans après l'expérience du ciné-train Medvedkine réalise un chef d' oeuvre lumineux et onirique, annonciateur des désastres à venir : Le Bonheur. Œuvre foisonnante et poétique, Le Bonheur est un pur joyau, un film tragique et gai, poétique et bouleversant, un film d'une tendresse infinie qui touche à la condition même de l’homme.

C’est à Chris Marker que l'on doit la redécouverte de ce bijou et de son auteur : il est à l'origine de la création des Groupes Medvedkine en 1967 et de la ressortie en salles du Bonheur (avec la coopérative SLON) en 1971, imaginant pour l'occasion une bande sonore originale. Marker, qui n'en a jamais vraiment fini avec Medvedkine, réalisera en 1993 Le Tombeau d'Alexandre, magnifique film hommage à ce cinéaste singulier.